Conseil d’Etat : présomption de démission, conditions d’application
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Le dispositif de présomption de démission, en cas d’abandon de poste, a été instauré par la loi du 21 décembre 2022, les modalités d’application de l’article L. 1237-1-1 du code du travail étant fixées par le décret du 17 avril 2023 (suivi d’une FAQ publiée sur le site internet du ministère du travail le 18 avril 2023).
Dans les mois qui ont suivi la publication de ces textes, syndicats et associations ont saisi le Conseil d’Etat de diverses demandes tendant principalement à l’annulation du décret du 17 avril 2023 et de la « Foire aux Questions » intitulée « Question-Réponses – Présomption de démission en cas d’abandon de poste volontaire du salarié ».
La position du Conseil d’Etat :
▪️La conformité du décret du 17 avril 2023 confirmée
Concernant l’annulation du décret du 17 avril 2023, le Conseil d’Etat rejette cette demande. Il retient notamment la conformité du décret aux stipulations de la convention internationale du travail n°158. De la même manière, il met en avant la conformité du délai minimal de 15 jours [accordé au salarié à compter de la présentation (et non de la réception) de la mise en demeure adressée au salarié] aux dispositions de l’article L. 1237-1-1 du code du travail.
▪️Une précision majeure sur le contenu de la mise en demeure
Le Conseil d’Etat apporte une précision importante sur le contenu de la mise en demeure à adresser au salarié. La Haute Juridiction administrative précise que la validité de la présomption de démission du salarié nécessite que celui-ci ait été informé au moment de la mise en demeure des conséquences pouvant résulter de l’absence de reprise du travail. Cette mise en demeure a pour objet de s’assurer du caractère volontaire de l’abandon de poste du salarié en lui permettant, en toute connaissance de cause, de justifier son absence ou de reprendre le travail.
▪️Une « Foire aux Questions » controversée et sans lendemain
Enfin et pour rappel, la publication de cette FAQ, avait fait grand bruit pour son interprétation controversée au sein même du ministère.
Ce Question-Réponses, qui aura soulevé plus de Questions que de Réponses a été supprimé du site du ministère dès juin 2023. Il a depuis été remplacé par une version expurgée.
Le Conseil d’Etat ne se prononce donc pas sur ce point de contestation, au motif que la nouvelle version en ligne ne reprenait pas les mentions contestées.
📌 Conseil d’Etat, 18 décembre 2024, N° 473640, 473680, 474392, 475097, 475100, 475194